Une poste où chacun, masqué, a fait la queue pour pouvoir entrer, s’est lavé les mains avec du gel et se tient sagement à distance des autres personnes. Une femme âgée est assise sur une chaise. On a vu qu’elle a fait longuement la queue dehors avant que quelqu’un lui dise qu’elle pouvait entrer sans la faire étant donné son âge. Elle a dit que ça allait mais la personne qui voulait l’aider a appelé le vigile qui a dit à la dame d’entrer, lui a demandé ce qu’elle venait faire et lui a désigné une chaise près du guichet correspondant. Elle tombe sur la chaise avec un soulagement manifeste après avoir longuement remercié et s’être excusée auprès de tous ceux qui faisaient la queue. Elle a l’air épuisée et on se demande pourquoi elle n’a pas osé demander de pouvoir entrer et pourquoi cela a mis tellement de temps avant que quelqu’un l’aide à le faire. Elle souffle et prend son sac, enlève son masque et nettoie ses lunettes pleines de buée. Tout à coup, elle s’affole et se met à chercher son masque partout. Quand le vigile lui dit qu’il est accroché à son bras, elle le met et semble à nouveau devoir reprendre son souffle. L’employée des postes l’appelle, c’est à elle. Elle se lève lentement. Elle oublie sur la chaise son foulard et ses clés. Quelqu’un les lui apporte. On reconnaît en elle cette inquiétude démultipliée par l’âge que l’on a tous quand on doit faire quelque chose d’officiel, quelque chose qui nous renvoie à l’école, à la banque, à la police, à la justice et qui nous fait oublier notre passeport, perdre nos clés, tomber notre sac, nous affoler.
Un jour, une description, le 14 octobre